Inutile
J'ai toujours dit que je n'aurais jamais de regrets, que ce qui est
fait est fait, qu'on ne peut pas revenir en arrière et qu'il faut
regarder devant soi pour avancer.
J'en ai cependant. J'aimerais
tellement pouvoir effacer quelques mois de mon passé... Je ne pensais
pas que ça m'emmerderait à ce point. Certaines choses pour lesquelles
je m'en voulais de n'avoir réussi à les faires, sont maintenant un seul
et maigre réconfort par rapport à cette période que j'estimais
merveilleuse, mais où j'étais parfaitement aveugle.
J'ai honte,
honte d'avoir été aussi stupide, crédule, et immature. Relire les
paroles que j'ai eu à cette époque, même si elle n'est pas si
lointaine, me donne mal au coeur.
Mes principes, mes merveilleux
principes, que je me vante de respecter, et dont je clame haut et fort
à qui veut l'entendre que jamais je le les enfreindrai, me bouffent la
vie plus qu'autre chose. Je ne peux pas changer mon passé, et me dire
que ce que j'ai fait est quelque chose que j'abhorre, me ronge. Evidemment, à l'époque, je ne m'en rendais pas compte. Mais j'aurais du. Ca crevait les yeux. Ou alors, c'est qu'elle a énormément changé entre temps. Je ne crois pas qu'elle était comme ça avant. Mais ça n'excuse pas tout.
J'en ai marre, d'exiger la perfection de tous les êtres qui m'entourent. Perfection tout à fait relative d'ailleurs, puisque définie selon mes propres critères. J'en ai marre, de cette possessivité, de cette jalousie maladive, que je croyais avoir enterrées depuis longtemps, mais qui sont toujours là, qui sommeillent au fond de moi... Est-ce d'ailleurs bien ces sentiments qui me serrent l'estomac ? Je ne suis même pas sûr de le savoir... Ce que je sais, c'est que ça me pourrit la vie, que ça me fait pourrir la sienne, et que manger me donne envie de vomir.
Je me sentirais mieux si je n'avais rien su. Mais ça me rend malade de savoir que j'aurais pu ne jamais être au courant. Je suis un être paradoxal au possible. Je ne sais pas pourquoi je continue à me lever tous les matins. Pour venir me plaindre ici, ça n'a aucun intérêt. Je ne vais plus en cours, mais n'en profite même pas pour réviser. Je passe mon temps à chanter à tue-tête, puis à m'arrêter brusquement comme pris d'une crampe terrible aux tripes qui me rappelle que non, je ne dois pas respirer le bonheur.
J'attends. Plus d'une semaine encore. Ca me paraît inaccessible. Et entre temps, je dois aller chez mes parents. Joie. Je vais me payer des réflexions dès que je n'afficherai plus un sourire jusqu'aux oreilles. "Ca va pas ?" Mais si. Tout va très bien. Comme d'habitude.